Naviguer dans l’entrepreneuriat, c’est parfois comme nager en haute mer sans boussole. Vous pouvez connaître votre destination, mais sans un cap précis, les courants vous mènent là où vous ne l’aviez pas prévu. Cet épisode 10 de notre série "De développeur freelance à entrepreneur durable" est un retour d’expérience sur ces 28 derniers jours où ma présence sur LinkedIn a explosé, mais où j'ai aussi dû faire face à des défis techniques inattendus. Comment gérer cette croissance tout en restant fidèle à ses valeurs ? C’est ce que je vais partager ici.
Une croissance exponentielle sur LinkedIn : Succès ou Illusion ?
En moins d'un mois, mes publications ont généré plus de 7 000 impressions et touché 3 679 membres, marquant une croissance spectaculaire de +820% et +1 106% respectivement. Le déclencheur ? Un post sur l'IA générative qui a suscité un vif intérêt.
Pourquoi ce post a-t-il fonctionné ?
- Un sujet dans l'air du temps : L'IA est sur toutes les bouches, et j'ai su capter cette tendance.
- Authenticité du message : Partager mes réflexions personnelles a créé une connexion authentique.
- Engagement réel : Plutôt que de chercher la viralité, j'ai visé des interactions significatives avec un partage de ressource pour apprendre l'IA générative via un cours de FreeCodeCamp.
Mais cette croissance soulève une question importante : est-ce que cela contribue réellement à mon objectif d'entrepreneuriat durable ?
Le piège de la quantité : Quand l'activité devient un bruit de fond
Face à cette dynamique, j'ai ressenti le besoin d'accélérer : plus de posts, plus de visibilité. Cependant, très vite, j'ai constaté un phénomène paradoxal : plus je publiais, moins j'avais l'impression de créer de la valeur.
Les symptômes du décalage :
- Surcharge cognitive : Difficulté à maintenir la qualité des contenus.
- Perte de sens : Poster pour poster, sans réelle réflexion sur l'impact.
- Fatigue créative : L'inspiration s'amenuise quand elle devient une obligation.
Cette période m'a permis de réaliser qu'être présent partout n'est pas synonyme d'efficacité. Il faut choisir ses batailles.
Changer de cap : Moins de quantité, plus d’Impact
Plutôt que de poursuivre sur cette lancée effrénée, j'ai pris une décision : ralentir pour mieux réfléchir. Mon nouvel objectif est clair :
- Publier moins, mais mieux.
- Aligner chaque post avec mes valeurs de durabilité et d'éthique.
- Apporter de la valeur tangible à ma communauté.
Stratégies pour un contenu à fort impact :
Focus sur la profondeur : Préférer des articles de fond plutôt que des posts superficiels.
Cohérence des messages : Toujours questionner le "pourquoi" derrière chaque publication.
Interaction de qualité : Valoriser les échanges authentiques plutôt que la simple portée.
Ce changement d'approche a aussi suscité des retours très intéressants sur Linkedin. Deux d'entre eux m'ont particulièrement marqué :
1️⃣ "J’en suis arrivé à la même conclusion. Ça me fait penser au podcast Acquired qui ne sort que très rarement mais délivre que du contenu de très haute qualité."
Ce retour m'a rappelé que la rareté peut être un atout si elle s'accompagne d'un contenu exceptionnel. L'attente crée de l'intérêt, et la qualité fidélise.
2️⃣ "Learn - Post - Measure - Repeat. J’ai adopté l’approche d’un sprinteur : 1-2 mois de posts, pause de 2-3 semaines pour apprendre et mettre à jour la stratégie, puis on recommence."
Cette méthode en cycles courts est très intéressante. Elle allie la régularité à des phases de réflexion stratégique. C’est une forme de routine, mais plus flexible et intentionnelle. Elle structure le processus sans l’enfermer dans l’automatisme.
Reste à savoir si ce rythme cadencé me conviendrait sur le long terme, car j'ai besoin d’un équilibre entre discipline et spontanéité pour rester aligné avec mon énergie créative. Mais, ces échanges m'ont conforté dans l'idée que l'efficacité ne réside pas dans la quantité, mais dans l'intention et la réflexion derrière chaque action.
L’Obstacle technique : HarmoniQ, une leçon d’humilité
Parallèlement à cette réflexion sur le contenu, j'ai rencontré des problèmes techniques avec mon outil HarmoniQ. Bugs imprévus, fonctionnalités instables : des obstacles frustrants mais riches en enseignements.
Quand j'ai préparé le Proof Of Concept (PoC) de HarmoniQ, un des principaux défis a été de permettre la communication de l'outil local avec l'extérieur. En effet, étant un outil local, communiquer avec l’extérieur a posé un vrai défi. Telegram ne permettait pas un usage local à moins que le kit soit installé en tant qu'extension, ce qui ne répondait pas à mon besoin immédiat. J'ai donc utilisé l'image ngrok dans ma configuration Docker Compose pour ouvrir un tunnel vers mon webhook.
Une fois ce problème de communication résolu, un autre défi est apparu : la gestion des événements dans le calendrier, qui ne correspondait pas du tout à mes attentes. Plutôt que de bricoler une solution temporaire, j'ai opté pour le développement d'un microservice dédié. Ce dernier a pour but de structurer la file d'attente et génère un emploi du temps sur une journée (pour segmenter les tâches et ne pas se sentir dépassé), puis dès que le système est robuste, sur cinq. Cette approche m'a permis de mieux contrôler la pression qu'on peut s'infliger et de préparer le terrain pour une scalabilité future.
C'est également à ce moment-là que j'ai découvert des problèmes dans mon parcours d'onboarding. En effet, pour uploader leurs données menstruelles, les utilisatrices devaient fournir des informations directement à HarmoniQ, ce qui me paraissait peu cohérent et transparent pour l'utilisateur. J'ai donc pris la décision d'implémenter un formulaire préalable avant l’accès au chat. Cela permet de récolter et anonymiser les données de manière sécurisée, tout en offrant une meilleure expérience à l’utilisateur.
Beaucoup de soucis comme vous pouvez le lire, genre de situation peut être stressante, et ironiquement j'ai subit du stress pour créer un outil de bien être, mais en adoptant une approche méthodique, on limite la panique et on gagne en expérience.
Ce que j’ai appris :
- Rien n'est jamais parfait, même avec la meilleure des préparations.
- L'agilité est essentielle : savoir s'adapter rapidement face aux imprévus.
- L’utilisateur au cœur du produit : impliquer les utilisateurs dans le processus de développement transforme un simple produit en une réponse vivante à des problématiques concrètes.
Ces difficultés m'ont rappelé qu'être un entrepreneur durable, c'est aussi savoir gérer l'imperfection et en faire un levier d'apprentissage.
Trouver son Nord intérieur
Cet épisode a été une véritable boussole. J'ai compris que le succès visible (comme les statistiques LinkedIn) n'est pas un indicateur suffisant de progression. Ce qui compte vraiment, c'est l'impact réel de ce que l'on crée.
Dans la mer de l'entrepreneuriat, il est facile de se perdre dans les vagues de la performance. Mais en restant ancré dans ses valeurs, on retrouve toujours le cap.
Je tiens à remercier chaleureusement chacune et chacun d'entre vous pour votre soutien continu. Vos retours et vos partages de cette aventure me poussent à aller encore plus loin. C’est ensemble que l’on trouve notre vrai cap.
Je vous retourne donc la question.
Comment gérez-vous le décalage entre croissance rapide et impact durable ?